L'étude dermatoglyphique des paumes d'enfants atteints de mongolisme
nous a permis d'isoler quatre stigmates, dont la coïncidence autorise à porter
le diagnostic morphologique de cette malade avec une pourcentage d'erreur qui
ne dépasse pas 5 %. Une analyse comparative de ces caractères chez les
Primates non hominiens conduit à relever entre ces animaux et les Mongoliens
les analogies suivantes :
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I. Position du triradius axial.
Chez l'Homme normal, cette figure est constituée par la convergence
des crêtes papillaires enserrant la base du pouce d'une part, l'éminence
hypothénar d'autre part, et la partie proximale de la paume, en haut. Cette
figure siège dans la région proximale la paume. Chez les Mongoliens au
contraire, cette formation est le plus souvent (73 %) en position
médiopalmaire, et est alors constituée par la convergence des crêtes
papillaires qui enserrent la racine du pouce d'une part, l'éminence
hypothénar d'autre part, et les crêtes de la partie distale de la main en
bas.
Les Lémuriens et les Simiens inférieurs ont un triradius axial
médio-palmaire. Cette position se retrouve chez les Anthropoïdes, constamment
chez l'Orang-outan, inconstamment chez le Chimpanzé. Elle est rare chez
l'Homme normal (6 %).
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II. Les formations hypathénariennes.
L'éminence hypothénar porte constamment des figures orientées
vers le bord cubital de la main chez les Simiens inférieurs et les Lémuriens
(elles sont le plus souvent doubles chez ces derniers). Ces formations
n'existent pas chez les Anthropoïdes, les Orangs-outans ayant un tourbillon et
les chimpanzés n'ayant le plus souvent aucune formation. Elles sont
particulièrement fréquentes chez les Mongoliens (54 %) mais rares chez
l'Homme normal (10 %).
Les figures orientées vers le bord radial de la main n'existent ni
chez les Singes ni chez les Mongoliens, alors qu'elles sont fréquentes chez
l'Homme normal (23 %).
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III. Le pli palmaire transverse.
Cette formation résulte de la coalescence des deux plis de flexion
de la main ; constante chez les simiens infé-rieurs, elle ne se voit pas chez
les Anthropoïdes. Elle est remplacée en effet chez les Orangs-outans par une
disposition double ou triple, parfois quadruple, chez les Chimpanzés. Elle est
typique du mongolisme (68 %) alors qu'elle est exceptionnelle chez l'Homme
normal (moins de 1 %).
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IV. Disposition des crêtes papillaires de la partie
distale de la main.
Il existe à ce niveau chez les Lémuriens trois pelotes non
contiguës, formées de crêtes épidermiques concentriques. Chez les Simiens,
deux autres dispositions se présentent : trois pelotes concentriques mais
contiguës chez les Simiens intérieurs tels les Cébidés et les
Cercophitécidés, l'ensemble s'accompagnant d'une disposition transversale des
crêtes médiopalmaires adjacentes ; présence de boucles allongées chez les
Anthropoïdes avec une disposition longitudinale des crêtes adjacentes. Chez
les Mongoliens l'orientation des crêtes médioplamaires est globalement
transversale. Chez l'Homme normal, cette orientation est dans l'ensemble
oblique vers le bord cubital de la main.
Cette étude d'anatomie comparée se ramène aux faits suivants
:
a. La disposition des crêtes épidermiques palmaires de l'Homme
normal n'offre aucune ressemblance avec pelle de quelque Primate que ce soit ;
cependant quelques formations rappelant le type simien inférieur peuvent se
rencontrer chez des sujets apparemment normaux, mais isolément et non
associées.
b. La disposition des crêtes épidermiques palmaires de l'enfant
mongolien offre des analogies surprenantes avec celle des Singes inférieurs
(Cercopithèques, Sajous, Mangabeys, Macaques) et non avec la main antérieure
des Anthropoïdes. Chez ces derniers les analogies sont très réduites ou
nulles (Chimpanzé).
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