Les caractères de quatre stigmates dermatoglyphiques palmaires
rapprochent de manière surprenante les enfants atteints de mongolisme, des
Simiens inférieurs. Ces quatre stigmates sont : le triradius axial, les
formations hypothénariennes, l'orientation des crêtes médio-palmaires, et le
pli palmaire transverse. Or, il existe parfois chez l'Homme normal des
formations dermatoglyphiques, concentriques, analogues aux trois pelotes que
portent constamment au niveau de la région distale de la paume (chacune à la
base d'un espace interdigital) les Simiens inférieurs. Avec l'intention de
compléter notre analyse des structures épidermiques palmaires des Mongoliens,
nous avons étudié chez ces malades ces formations distales de crêtes
concentriques. Pour les désigner nous avons employé, en fonction de leur
emplacement, la nomenclature suivante : P 7, pelote située entre l'annulaire
et l'auriculaire, P 9 entre le médius et l'annulaire et P 11 entre l'index et
le médius. Or, la répartition de ces trois types possibles est apparue très
particulière chez les Mongoliens.
L'analyse de ces données, recueillies sur 103 mongoliens, 403
individus normaux (hommes et femmes) et une cinquantaine de singes inférieurs,
apporte les précisions suivantes :
1° La pelote P 9 est 1,84 fois plus fréquente chez les sujets
mongoliens que chez les sujets normaux, aussi bien à gauche qu'à droite :
?2 = 35,9 pour ? = 1 pour les mains gauches;
?2 = 27,6 pour ? = 1 pour les mains droites.
| Normaux. | Mongoliens | Simiens inf. Fréquence. |
Nombre de pelotes | Fréquences. | Nombre de
pelotes | Fréquence. |
Main gauche |
P 7 | 223 | 0,553 ± 0,026 | 41 | 0,
398 ± 0, 050 | 1 ± 0,00 |
P 9 | 136 | 0,338 ±
0,025 | 64 | 0,622 ± 0, 049 | 1 ± 0,00 |
P11 | 4 | 0,010 ± 0,005 | 2 | 0,019
± 0,0 14 | 1 ± 0,00 |
Mains sans aucune pelote : 82 mains . | | 0,203
± 0,021 | 5 | 0,048 ± 0,023 | 0,0 ± 0,00 |
Main droite |
P 7 | 158 | 0,392 ± 0,026 | 27 | 0,
262 ± 0,045 | 1 ± 0 , 00 |
P 9 | 196 | 0,486 ±
0,027 | 84 | 0,815 ±: 0,040 | 1 ± 0,00 |
P11 | 19 | 0,047 ± 0,012 | 3 | 0,029
± 0,017 | 1 ± 0 , 00 |
Mains sans aucune pelote : 78 mains . | | 0, 194
± 0,020 | 6 | 0,058 ± 0,022 | 0,000 ± 0,00 |
2° La pelote P 7 est par contre, 1,4 fois plus fréquente chez les
normaux que chez les Mongoliens, et, ceci aussi bien à droite qu'à gauche.
?2 = 5,9 pour ? = 1 pour les mains droites;
?2 = 7,9 pour ? = 1 pour les mains gauches.
3° L'étude de la répartition selon la droite ou la gauche montre
que la pelote P 9 est plus fréquente à droite qu'à gauche chez les Mongoliens
(?2 = 9,6 pour ? = 1) aussi bien que chez les normaux (
?2 = 18,5 pour ? = 1).
4° Inversement la formation P 7 est plus fréquente à gauche qu'à droite chez les Mongoliens (?2 = 4,30 pour ? = 1 ) et chez les
normaux (?2 = 19,6 pour ? = 1).
5° Le simple recensement de tous les individus porteurs de P 9 au
moins à une main, conduit aux fréquences suivantes :
232/403 chez les normaux, soit 0,576 + 0,025 ;
88/103 chez les Mongoliens, soit 0,855 ± 0,036.
6° Le nombre moyen de pelotes est plus élevé chez les Mongoliens
que chez les normaux : 1,04 contre 0,90, mais surtout, la fréquence des mains
sans aucune pelote est beaucoup plus élevée chez les normaux, (0,203 ±
0,021) que chez les Mongoliens (0,053 ± 0,023).
Haut
Conclusions
La pelote P 9 est beaucoup plus fréquente chez les Mongoliens (70 %)
que chez les sujets normaux (47 %), ce qui rapproche les Mongoliens des Simiens
inférieurs (100 %). Cependant, un phénomène strictement inverse est observé
par la pelote P7 ; ce qui n'empêche pas le nombre moyen total de pelotes
d'être plus élevé chez les Mongoliens que chez les sujets normaux. La
répartition très particulière des pelotes dermatoglyphiques chez les
Mongoliens révèle donc quelques analogies avec le type simien qui pour être
discrètes n'en sont pas moins réelles. Elles accentuent le rapprochement que
nous avons établi dans une Note antérieure : Comptes Rendus, 238, 1954, p.
395 ; Séance du 22 mars 1954.
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