La proportion des garçons dans les naissances vivantes diminue en
fonction linéaire de l'âge du père et, à un moindre degré, de celui de la
mère. Cette diminution est significative dans les deux cas.
En raison de la faible amplitude de cette variation et du sens dans
lequel elle se produit, aucune hypothèse génétique simple ne peut être
proposée.
Il en résulte que dans la détection chez l'Homme de mutations
léthales liées au sexe, se manifestant par une déviation de la masculinité,
le biais introduit par le vieillissement des procréateurs peut être
considéré comme négligeable.
On admet généralement qu'une augmentation de la fréquence des
mutations puisse être décelée chez l'Homme par des variations de la
masculinité à la naissance du fait de l'accumulation de gènes létaux
récessifs liés au chromosome X.
Des travaux menés sur la descendance des survivants aux bombardements
atomiques (J. V. Neel et W. J. Schull et coll, 1953) (1) et sur celle des
sujets traités par radiothérapie pelvienne (R. Turpin, J. Lejeune et M. O.
Rethore, 1956) (2) sont en accord avec cette hypothèse et révèlent une
augmentation de la masculinité lorsque le père est soumis au risque ionisant
et une diminution lorsque la mère est irradiée.
Il devenait dès lors indispensable de soumettre à un critère
l'influence intrinsèque du vieillissement des procréateurs, vieillissement
qui doit entraîner une plus longue exposition aux risques mutagènes.
L'analyse des 28 295 125 naissances vivantes enregistrées aux U. S. A.
durant les années 1946 à 1954 inclus (3) conduit à la statistique

c'est-à -dire que la variation de la masculinité y = Nombre de
garçons/Nombre de naissances est hautement significative, en fonction de
l'âge des parents.
Les formules gaussiennes définissant le plan idéal de régression de y
en fonction de l'âge du père xp et de celui de la mère xm (codés en classes
quinquennales) conduisent à l'équation :

Cette régression laissant un ?2 résiduel de 104,87 est
hautement significative. On peut en conclure qu'à âge constant de la mère la
masculinité décroît en fonction du vieillissement paternel, et par ailleurs
qu'à âge constant du père, la masculinité décroît en fonction du
vieillissement maternel.
Bien que cette régression soit deux fois plus marquée pour le
vieillissement paternel, elle est hautement significative dans les deux cas (tp
= 5,55 et tm = 2,7).
Les coefficients de corrélation partielle spy-m = 0,5175 ± 0,079 et
smy-p = - 0,2816 ± 0,0225 conduisent aux mêmes conclusions.
Au total, il est exact que la masculinité décroît en fonction de
l'âge avancé du père, ainsi qu'ont fait déjà remarquer E. Novitski et L.
Sandler (4), mais contrairement à l'opinion de ces auteurs l'influence de
l'âge de la mère quoique moins importante est, elle aussi, significative.
Par ailleurs, dans le cas du père, le phénomène se produit dans le
sens contraire à l'hypothèse génétique. Alors qu'aucune explication simple
en termes de létaux liés au sexe ne peut être proposée, un biais purement
démographique pourrait âtre mis en cause.
Haut
(1) Science, 118, 1953, p. 537-541.
(2) 1er Congrès International de Génétique humaine, Copenhague,
1956.
(3) Après tabulation des données des Vital Statistics U. S. A. pour
les naissances réparties selon le sexe de l'enfant et l'âge respectif des
parents.
(4) Ann. Hum. Genet., 21, 1956, p. 123-131.
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