L'analyse de la régression partielle de la masculinité dans des
naissances vivantes (J.lejeune et R.Turpin 1957) (1) en fonction du
vieillissement maternel nous a précédemment amenés à calculer un coefficient
de régression de bm = - 0,000336 ± 0,000125 pour un vieillissement
coefficient 5 ans.
En admettant que cette régression soit dûe à l'accumulation de
gènes léthaux récessifs liés au chromosome X, ce coefficient
représenterait l'ordre de grandeur de la mutabilité spontanée accumulée en
5 ans pour cette classe de mutants.
Par ailleurs d'après les données recueillies dans la descendance des
femmes ayant survécu aux bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki le
coefficient de régression de la masculinité poux un roentgen s'établit à :
- 0,000081 (NEEL et SCHULL, 1953) (2)
et à - 0,000055 (NEEL et SCHULL, 1956)(3)
le premier coefficient étant statistiquement significatif et le
second ne l'étant plus quoique portant sur des données plus étendues. L'un
de nous (LEJEUNE, 1956) (4) a discuté la possibilité d'un biais statistique
pouvant rendra compte de cette différence.
Il est intéressant de constater que d'après les données recueillies
en France (R. Turpin, J. Lejeune et M.O. Réthoré 1956) (5) la régression de
la masculinité pour 1r. frappant les ovaires doit peut être estimé à 0,000069 en admettant que la moitié de la dose à la peau ait atteint les
gonades maternelles
La convergence de ces données indépendantes permet de penser que la
régression pour 1r. aux ovaires doit être effectivement d'environ -
0,00006.
Dès lors en prenant 30 ans pour intervalle séparant deux
générations, la régression due à la mutabilité spontanée liée à l'âge
maternel serait de :
- 0,000336 X 6 soit - 0,0020
Pour obtenir une régression identique par application d'énergie
ionisante il faudrait utiliser une dose X telle que - 0,00006 x X = - 0,0020
soit X égale environ 30 r.
Cette valeur 30r./30ans représenterait donc la dose de doublement
pour l'espèce humaine.
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Discussion
Bien que ces calculs aient l'avantage de porter sur des données
exclusivement humaines leur validité ne peut être immédiatement
affirmée.
Il se trouve en effet que la masculinité diminue en fonction du
vieillissement paternel (bp = - 0, 00577 ± 0,000104 J. Lejeune et R/Turpin
1957 (1)) ; alors qu'elle semble augmenter dans la descendance de pères
fortement irradiés (2), (3), et (5).
Cependant, nette élévation de la masculinité après irradiation
paternelle, devant probablement résulter de grands remaniements du chromosome
X, un important effet de l'intensité de l'irradiation peut être attendu.
De faibles doses répétées entraînent peut être une diminution de
la masculinité (MACHT et LAWRENCE 1955) (6) alors que de fortes doses
entraîneraient une augmentation. si ce phénomène, qui semble avoir été
observé chez la souris par HERTWIG 1938 (7) pouvait être définitivement
établi, la validité des calculs précédents pourrait être admise et la dose
de doublement du taux des mutations dans la lignée féminine pourrait être
estimée à 30 roentgens / 30 ans.
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Bibliographie
(1) J. Lejeune et R. Turpin 1957. C .R. Académie des Sciences - Mars
1957.
(2) Neel et Schull. et coll, 1953 - Science 118, 537-541.
(3) Neel et Schull et coll. 1956 - The effect of exposure to the
atomic bombs in pregnancy termination in Hiroschima and Nagasaki. Nat. Acad.
Sciences. U.S.A public. n° 461.
(4) J. Lejeune 1956 - Rapport de l'O.M.S Copenhague Août 1956.
(5) R. Turpin, J. Lejeune et M. O. Réthoré (1956) - 1er Congrès de
Génétique Humaine - Copenhague Août 1956.
(6) S. H. Macht et P. S. Lawrence 1955 - Amer. J. Roent. 73, 442-446.
(7) P. Hertwig 1938 - Bio. Zentr. 58, 273-301.
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