Les effets des radiations ionisantes (rayons X, radium et isotopes
radioactifs) sont suffisamment précisés à l'heure actuelle pour que l'on
puisse affirmer que toute dose, si minime soit-elle, conserve une certaine
nocivité. L'accumulation de petites doses répétées expose la lignée
reproductrice à un risque égal à celui d'une dose équivalente à ce total et
administrée en une seule fois ; elle augmente la probabilité d'apparition
d'une tare génétique dans la descendance des sujets irradiés. Il semble que
ce phénomène d'additivité intervienne aussi à l'origine des lésions
somatiques (néoplasies et leucémies). En conséquence, en plein accord avec
les recommandations de l'O.M.S. (rapport 1956), nous estimons que les
précautions suivantes doivent être observées :
1) D'une façon générale, les doses de roentgens délivrées aux
malades, tant pour raisons diagnostiques que thérapeutiques, doivent être
réduites au minimum indispensable à l'efficacité du geste médical
envisagé.
Plus spécialement, et en raison de la quantité d'énergie
relativement très grande reçue par le malade lors des examens radioscopiques,
la radiographie doit être préférée systématiquement dans tous les cas où
l'étude cinétique ne s'avère pas absolument irremplaçable.
2) Le dépistage radiologique systématique (dépistage de la
tuberculose pulmonaire surtout) pose de graves problèmes auxquels les
réponses suivantes peuvent être apportées :
a) éviter tout examen radiologique aux sujets bien portants, et
en particulier aux enfants, aux adolescents, non allergiques à la tuberculine
;
b) préférer toujours la radiographie aux autres méthodes de
radiodiagnostic, quand l'exploration radiologique est imposée par les signes
cliniques.
3) En raison de la sensibilité particulière du foetus aux rayons
X, la radiographie du bassin ne devra être pratiquée chez les femmes
enceintes qu'en cas de nécessité formelle.
4) Dans tout examen radiologique quel qu'il soit, et dans toute
utilisation d'une source d'énergie ionisante, les précautions suivantes
doivent être soigneusement prises :
a) limiter au strict minimum le champ irradié et veiller toujours
à ce que l'ouverture du diaphragme ne soit pas supérieure à l'ouverture utile
;
b) protéger systématiquement les organes sexuels du sujet
irradié par un centrage correct du faisceau incident (tenant compte du
rayonnement diffusé) et, si besoin est, par une protection directe par écran
opaque aux rayons.
5) Enfin, nous souhaitons que toutes les recherches en cours sur
l'influence des radiations et sur les doses impliquées par les divers actes
médicaux soient activement poursuivies avec l'aide matérielle et morale des
organismes compétents. De plus, nous proposons que des conférences
d'informations pour les médecins spécialistes ou non spécialistes soient
organisées par les services de protection pour permettre à tous ceux qui
utilisent une source quelconque d'énergie ionisante de connaître exactement
les risques impliqués par une irradiation donnée et d'utiliser à bon escient
tous les moyens de réduire ce risque.
Cet appel à la prudence s'impose si l'on veut que l'usage judicieux
des radiations ionisantes continue à rendre à la médecine les immenses
services que chacun connaît, sans entraîner les périls dont nous commençons
à prendre conscience.
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