Dans une mitose régulière un chromosome ou un segment de chromosome
se divise parfois en quatre chromatides au lieu de deux normalement. Cet
événement très rare est interprété comme une endoréduplication
sélective.
Un premier cas d'endoréduplication sélective a été signalé (1)
dans une cellule d'une culture de fibroblastes normaux. (46, XX). Il s'agissait
d'un élément surnuméraire, composé de quatre chromatides, à l'intérieur
d'une mitose dont les 46 autres éléments étaient de morphologie normale
(fig. 1).
L'endoréduplication de l'un des éléments du caryotype normal a
été observée depuis dans cinq cellules provenant d'individus différents,
dont toutes les autres cellules avaient une garniture chromosomique
normale.
Dans ces cinq cellules, un seul élément, ou un segment de celui-ci,
était divisé en quatre chromatides au lieu de deux. L'aspect normal des 45
autres chromosomes de la mitose permet d'éliminer, dans ces cinq cas, une
translocation accidentelle.
Il est dés lors possible de considérer qu'il s'agit bien d'une
endoréduplication sélective de l'élément en cause.
L'un de ces cas intéresse un chromosome D entier (fig. 2 A). Deux
autres intéressent un segment discal du bras long d'un chromosome D (fig. 2 B
et 2 C) et les deux autres, un segment du bras long ou un segment du bras court
d'un chromosome C (fig. 2 D et 2 E).
Sur l'ensemble du matériel analysé dans notre laboratoire on peut
estimer que la fréquence de cet accident, in vitro, doit être de l'ordre de
1x10-4 par cellule.
Ce type d'accident mitotique est vraisemblablement capable de
déterminer l'apparition de fragments et de chromosomes en surnombre, sans que
les mécanismes classiques de cassure ou de malségrégation soient jeu.
Les cellules filles issues d'une telle mitose se trouveraient toutes
deux porteuses du même segment surnuméraire. Il serait ainsi possible que
l'apparition d'un clone porteur d'un chromosome surnuméraire ne soit point
nécessairement accompagnée de l'apparition d'un clone réciproque ayant perdu
ce même chromosome. Il faut remarquer à ce propos que les évolutions clonales
observées dans les processus malins ne s'accompagnent pas, généralement, de
clones réciproques (2).
La cause de l'endoréduplication sélective est encore inconnue, on
peut cependant penser qu'elle résulte d'un trouble du système de commande de
la duplication de l'élément en cause. Un mécanisme de ce type pourrait
rendre compte de la duplication, apparemment priviligiée, de certains
chromosomes remaniés, présents dans diverses lignées néoplasiques (2).
 Fig. 1. - Endoréduplication sélective, asynchrone, d'un
chromosome surnuméraire (flèche). Sujet (46, XX), I. P. n° 544, culture
d'aponévrose.
 Fig. 2. (a)
Endoréduplication sélective d'un chromosome D. Sujet (46, XX), I. P. n°
2930, culture de sang. (b) Endoréduplication sélective de la partie distale
d'un chromosome D. Sujet (46, XY), I. P. n° 1431, culture de sang. (c)
Endoréduplication sélective de la partie distale d'un chromosome D. Sujet
(46, XY), I. P. n° 966, culture de peau. (d) Endoréduplication sélective de
la partie discale du bras long d'un chromosome C (probablement un 8). Sujet
(46, XX), I. P. n° 2395, culture de sang. (e) Endoréduplication sélective du
bras court d'un chromosome G (probablement un G). Sujet (46, XX), I. P. n°
2931.
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Bibliographie
(1) J. LEJEUNE, cité in Congenital malformations Lancet, n, 1963, p.
189).
(2) J. LEJEUNE, Sur la théorie de l'évolution clonale du caryotype
in Atti Convegni Farmitalia, 1965 (Cytogenetica della leucemie, Minerva Medica,
Torino, 1966, p. 28-38).
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