Vingt ans après la mise en évidence de la trisomie 21 [25], il reste
encore impossible de répondre à la question principale : quelles sont les
perturbations biochimiques responsables de la débilité de l'intelligence dans
cette maladie ? Pourtant, depuis la première hypothèse d'un effet de dosage
génique [21] déterminé par la trisomie, le bilan des observations paraît
considérable [41].
Tout spécialement, après la localisation du gène de
l'indophenoloxydase sur le chromosome 21 [42] et la mise en évidence d'un
excès d'activité chez les malades [35], il apparut que l'enzyme en cause
était la superoxyde dismutase A [37]. L'augmentation d'activité de cet enzyme
par un facteur x 1,5 démontrait l'effet de dosage génique et l'étude de
divers remaniements permettait de localiser le gène dans la région 21q22.1
[38].
Peu après, l'élévation du taux de la glutathion peroxydase [40] et
sa corrélation positive avec le quotient intellectuel [39] confirmèrent
d'intérêt des recherches sur ce trouble du métabolisme de l'oxygène.
Ce fil directeur, extrêmement précieux, n'est pas le seul
utilisable, car la pathogénie comparée de diverses maladies géniques
capables de déterminer une débilité de l'intelligence, est susceptible de
révéler des convergences biochimiques intéressantes.
La présente revue se propose donc de relier ces deux domaines, autant
qu'il soit possible de le faire, en utilisant simultanément les observations
cliniques, les données phénotypiques et les résultats expérimentaux.
Il n'échappe pas qu'une telle entreprise est à la fois trop vaste
puisqu'elle fait appel à d'énormes chapitres de la biochimie et trop
superficielle puisque le raisonnement par analogie impose une série
d'hypothèses.
Pourtant, la nécessité heuristique d'un bilan impose de revoir
d'abord la pathogénie comparée, et les répercussions possibles du trouble du
métabolisme de l'oxygène afin de confronter aux données cliniques et
expérimentales les enseignements qu'on peut tirer de ces comparaisons.
Haut
Pathogénie générale de certaines débilites de
l'intelligence : rôle possible du métabolisme des
monocarbonés
Les principaux mécanismes chimiques, indispensables au fonctionnement
des neurones, peuvent être représentés sous la forme d'une machine
pseudo-pascalienne dont les rouages se commandent les uns les autres [22].
En reportant sur une telle " machine " les blocages enzymatiques
connus, on s'aperçoit que les " pannes " ne sont pas réparties au hasard,
mais s'ordonnent en trois groupes principaux [23].
Le premier comprend les troubles de la synthèse et de la dégradation
des substances isolantes employées dans la confection des gaines
nerveuses.
L'autre comprend les troubles de la fabrication des glycoprotéines et
des mucopolysaccharides (membranes).
Le troisième groupe paraît hétéroclite, puisqu'on y trouve par
exemple : phénylcétonurie, tyrosinose, hypothyroïdie, maladie du Sirop
d"Erable, hamocystinurie, histidinémie, carsosinurie, hyperprolinémie I et
II, hyperhydroxyprolinémie, iminodipeptidurie, hyperglycinémie non
cétotique, Sarcosinémie, déficience en hypoxanthine - guanine -
phosphoribosyl transférase - maladie de Hartnup, troubles du métabolisme du
folate, etc.
Or, l'inspection de la " machine " révèle que ces blocages si divers
et si éloignés les uns des autres pourraient avoir une conséquence commune :
un déficit de l'entrée de certains monocarbonés dans le cycle du folate.
Ceci n'est d'ailleurs pas pour surprendre puisque toutes les maladies portant
sur le cycle du folate lui-même entraînent des troubles neurologiques,
souvent dévastateurs [33].
Un diagramme simplifié de la machine pseudo-pascalienne, permet de
préciser cette notion générale (fig. 1).
La sarcosinémie, la glycinémie non cétotique, l'homocystinurie et
la cystathioninurie dérèglent l'apport des monocarbonés entrant dans des
systèmes 5-10 méthylène-THF et S-adénosyl-méthyl transférase.
L'histidinémie et la carnosinurie déterminent un déficit de
l'entrée formimino-THF.
De leur côté, hyperprolinémie I et II, hyperhydroxyprolinémie, et
iminodipeptidurie déséquilibrent la production du glyoxal, lui-même
fournisseur de formate à l'entrée 10 formyl-THF.
La perte de tryptophane dans la maladie de Hartnup entraîne la même
carence (perte du formate venant de la formyl-cynurénine).
Même l'étrange maladie de Lesh-Nyhan par inactivité de
l'hypoxanthine-guanine-phosphoribosyl transférase, provoque vrai semblablement
un déficit en 10 formyl THF. En effet certains patients, malgré une énorme
production de bases puriques (expliquant l'accélération du shunt des hexoses
monophosphates), excrètent du phosphoribosyl 5-amino-4-imidazole carboxamide
(AICAR) [31] dont la transformation en FAICAR impose l'utilisation de 10 formyl
THF.
Reste que la phénylcétonurie, les tyrosinoses et les maladies par
dégradation des acides aminés gras à chaîne ramifiée paraissent fort
éloignées de ce schéma. Toutefois, on remarque que des dérivés de la
phénylalanine [45] et ceux de l'isoleucine [13] sont des inhibiteurs
compétitifs de la sérine transhydroxyméthylase, fournisseur principal de
l'entrée 5-10-méthylène-THF.
Une objection pourrait être faite à cette vue générale : plusieurs
des maladies que nous venons de citer ont toujours un effet délétère sur le
développement de l'intelligence, mais certaines sont parfois compatibles avec
une intelligence normale. Ce fait n'est pas en contradiction avec l'hypothèse
car les transformations à l'intérieur du cycle de folate, via le 5-10
méthényl-THF sont bien connues et fort actives. D'où la possibilité pour
certains patients de compenser le déficit d'une entrée par une accélération
des autres, restées intactes.
L'hypothèse suivante peut alors être présentée :
La plupart des blocages enzymatiques provoquant une débilité de
l'intelligence sans lésion primaire des constituants des membranes et des
gaines et sans trouble majeur de l'embryogenèse cérébrale, ont en commun un
trouble des monocarbonés.
Cette hypothèse, extrêmement simplifiée, n'est pas en désaccord
avec le rôle capital des monocarbonés dans la manufacture à la demande des
médiateurs chimiques et dans leur inactivation partielle secondaire.
A ce propos, la pathologie neurologique acquise par carences en folate
et en vitamine B 12, rejoint clairement cette façon de voir.
Si ses débilités mentales étaient en rapport avec un déficit du
métabolisme des monocarbonés, il ne serait nullement exclu que d'autres
maladies mentales (psychoses, etc.) soient en rapport avec un excès de ces
métabolites mais une telle discussion sortirait trop de notre propos.
 Fig. 1. - Schéma simplifié des métabolismes discutés. Le
signe O? indique l'incorporation d'un ou plusieurs atomes d'oxygène. Le
sine "O croisé"? indique la réaction concomitante O2 ?
H202.
Haut
Pathologie comparée de la trisomie 21 et d'autres maladies
entraînant une débilité de l'intelligence
Pour tenter de déceler quels métabolismes pourraient être déviés
chez les trisomiques 21, il est utile de citer quelques maladies dont certains
symptômes phénotypiques au biologiques sont particulièrement
évocateurs.
Haut
Hypothyroïdie congénitale
Le faciès camus, la brachymorphie et le ralentissement bien connu
des hypothyroïdiens les ont fait souvent comparer aux trisomiques 21. Il fait
peu de doute qu'avant les épreuves biologiques et cytogénétiques, les deux
affections aient été souvent confondues.
Comme l'action de la tyroxine est, très généralement, d'augmenter
la consommation d'oxygène, son absence provoque l'apathie et l'obésité,
symptômes banaux chez les trisomiques 21.
Les dysthyroïdes entraînent par ailleurs des perturbations du
métabolisme du collagène. L'hypothyroïdie s'accompagne d'une diminution de
l'élimination urinaire d'hydroxyproline par ralentissement de la synthèse et
de la dégradation du collagène alors que l'hyperthyroïdie augmente
l'hydroxyprolinurie par accélération de la dégradation du collagène soluble
et insoluble [44].
La parenté entre les deux affections est soulignée par la
fréquence des anticorps antithyroïdiens chez les trisomiques 21 et, parfois,
chez leurs mères [8].
Haut
Hémoglobinopathies
L'aplasie des os propres du nez, si caractéristique de la trisomie
21 (et de l'hypothyroïdie) se retrouve dans des affections très différentes
: les syndromes hémolytiques par hémoglobines anormales. En effet, un faciès
caractéristique, pseudo trisomique 21, est décrit chez les très jeunes
enfants [12] souffrant de thalassémie majeure ou de génopathies complexes
associant la thalassémie avec la G-6-P-D déficience ou avec l'anémie à hématies falciformes. Un trouble grave du transport de l'oxygène peut donc, à lui seul, déterminer ce trait morphologique particulier et l'hypothèse d'un
déficit de la substance fondamentale des cartilages et des os parait très
plausible.
Haut
Iminodipeptidurie
Dans cette maladie très rare on retrouve presque tous les stigmates
de la trisomie 21. En effet, la brachymorphie, le faciès élargi,
l'hyperlaxité ligamentaire, les troubles des dermatoglyphes, les syndactylies
ébauchées, les dystrophies des phanères sont assez comparables [10, 14].
Le seul trouble biochimique est ici la perte journalière de 40 mg
de proline et de 10 mg d'hydroxyproline par kg. Cette fuite provient de
l'absence de prolidase, enzyme clivant les dipeptides X-CO-N-PRO et
X-CO-N-HYPRO, éliminés tels quels dans l'urine.
Ces faits suggèrent qu'un déficit du recyclage de la proline au
cours de la dégradation et de la synthèse du collagène pourrait être la
cause de la dysmorphie et de troubles de croissance comparables à ceux des
trisomiques 21.
Haut
Maladie d'Alzheimer
Il est bien connu que les trisomiques 21 souffrent d'un
vieillissement accéléré et que nombre d'entre eux présentent dès la fin de
l'âge adulte un syndrome évoquant la maladie d'Alzheimer [19].
Cette maladie s'accompagne d'un déficit cholinergique avec
diminution de l'acétyl-choline estérase et de la choline acétyltransférase
[5]. De plus l'anomalie ultra-structurale des neurofilaments, appariés en
hélice et enchevêtrés dans les neurones, si caractéristique de la maladie
d'Alzheimer [7], se retrouve, identique, chez les trisomiques 21 âgés.
Haut
Maladie de Lesh-Nyhan
Il est tout à fait exceptionnel d'observer chez les trisomiques 21
un comportement d'auto-mutilation aussi redoutable que celui des patients
atteints de déficience en hypoxanthine - guanine - phosphoribosyl
transférase. Toutefois, certains trisomiques, particulièrement atteints, se
frappent ou se blessent.
Or, comme dans la maladie de Lesh-Nyhan mais à un moindre degré, il
existe chez les trisomiques 21 une accélération du shunt des hexoses
monophosphates [39]. Cette accélération peut être rapportée à l'activité
augmentée de la gluthation peroxydase [39], mais peut être également une
conséquence de la localisation sur le chromosome 21 du gène de la
phosphoribasyl glicyneamine synthétase [52]. Ces deux possibilités sont en
accord avec l'élimination légèrement augmentée d'urate [9].
Ces faits rapprochent d'autant plus les deux affections que les
trisomiques 21 présentent de surcroît aune légère tendance à d'anémie
mégaloblastique [6] et une déviation à gauche de la formule d'Arneth [43].
Ces symptômes mineurs évoquent un trouble du métabolisme du folate (entrée
10 formyl THF).
Ce rappel de pathologie comparée permet de rapporter les principaux
stigmates de la trisomie 21 à quelques voies métaboliques.
Les caractères de la dysmorphie suggèrent une anomalie de la
fabrication du collagène et plus précisément de la fourniture en proline et
hydroxyproline (iminodipeptidurie) qui peut provenir d'une insuffisance des
oxydations (hypothyroïdie et hémoglobinopathies). Une gène à I'hydroxylation
de la proline et de la lysine dans les peptides de pro-collagène doit être
envisagée. D'ailleurs le vieillissement trop rapide et les troubles
cutanéo-muqueux pourraient avoir la même origine.
Un trouble cholinergique est suggéré par la fréquence du syndrome
d'Alzheimer et une insuffisance du métabolisme des monocarbonés par la
déficience probable sur l'entrée 10-formyl THF (maladie de Lesh-Nyhan).
Or la pathologie particulière des trisomiques 21recoupe très
exactement ces analogies.
Haut
Pathologie particulière des trisomiques 21Haut
Déficit cholinergique
L'hypotonie, la constipation chronique, et les difficultés de
l'accommodation visuelle évoquent un déficit cholinergique. Cette impression
est renforcée par deux ordres de faits. Les trisomiques 21 sont anormalement
sensibles aux anti-cholinergiques et l'accélération du rythme cardiaque par
l'atropine est très marquée chez eux [1, 11].
La réponse de l'iris des trisomiques 21 à l'instillation d'atropine
est particulièrement intense [32]. Des investigations systématiques [2, 24]
montrent que les cholinomimétiques et les cholinolytiques sont anormalement
actifs alors que la réaction irienne aux adrénergiques et aux adrénolytiques
ne diffère pas de la normale.
Haut
Sensibilité aux infections
Parmi les symptômes mineurs, la sensibilité aux infections
rhinopharyngées est un souci constant dans la première enfance. Fait
remarquable, la même sensibilité est signalée dans l'iminodipeptidurie.
Ainsi qu'on l'a très justement remarqué, [14] il se trouve que le
composant C1q du complément possède des enchaînements d'acides aminés
riches en glycine-proline-hydroxypraline. Cette protéine est la seule de
l'organisme à révéler une composition aussi voisine de celle du collagène.
Comme le C1q est indispensable à la fixation des immunoglobulines, une anomalie
de sa fabrication expliquerait à la fois la sensibilité aux infections banales
(nez qui coule) et l'excès d'IgC et le défaut d'IgM souvent remarqués chez
certains trisomiques 21 [27].
Haut
Perturbations du métabolisme du
tryptophane
On sait que la voie de la cynurénine menant à l'indolacétate est
plus active que celles de la sérotonine, menant au 5-hydroxyindolacétate,
chez des trisomiques 21 par rapport aux autres enfants [18, 15].
Comme le formate, venant de la formyl-cynurénine, alimente
l'entrée 10-formyl-THF il se pourrait que les trisomiques 21 accélèrent
cette voie pour compenser un déficit de cette entrée. Leur sensibilité au
5-hydroxytryptophane, qui provoque chez eux des syndromes d'hypsarythmie [3],
indique bien une régulation délicate.
Par ailleurs, la diminution du taux de sérotonine chez les enfants
trisomiques 21 parait résulter d'un défaut de captation par les plaquettes
[16]. Ce trouble membranaire n'est toutefois pas spécifique du métabolisme du
tryptophane puisque la captation de l'adrénaline est elle aussi diminuée
[17].
Or il se trouve que la fraction C1q du complément se fixe à la
paroi plaquettaire par son segment pseudocollagène [48] et que cette fixation
parait indispensable aux réactions de libération des amines contenues dans la
plaquette [49, 47]. On pourrait alors concevoir que les troubles de captage de
la sérotonine et de l'adrénaline puissent correspondre à une coopération
anormale entre le C1q et la paroi plaquettaire.
Haut
Métabolisme du glyoxylate et de l'
oxalate
Après surcharge alimentaire en tryptophane on observe normalement
une augmentation de l'oxalurie [28], alors que le taux urinaire d'oxalate ne
s'élève pas chez les trisomiques 21. En revanche, si une déficience en
pyridoxine a été préalablement induite par la déoxypyridoxine, la même
surcharge provoque une oxalurie nettement plus marquée chez les trisomiques 21
que chez les normaux [28].
Cette expérience montre que le métabolisme du glyoxylate,
précurseur immédiat de I'oxalate, est réglé différemment chez les
trisomiques 21.
Comme il existe chez eux une diminution d'activité, des
transcétolases qui sont très fortement réactivés in vitro par l'adjonction
du thiamine pyrophosphate [34], et comme le régime n'explique nullement une
carence en B1, on peut penser qu'il s'agit là d'une régulation portant sur le
métabolisme de la vitamine B1 elle-même. Une destruction trop rapide de cette
vitamine devrait alors entraîner, entre autre, un déficit de l'activité de
la glyoxylate-2 cétogluturate carboligase. Cet enzyme, B1 dépendant,
transforme le glyoxylate en 2-hydroxy-3-cétoadipate et son inactivité
provoque l'oxalurie génétique de type II [51].
En admettant donc un réglage bas de l'activité de la
glyoxylate-2-cetoglutarate carboligase chez les trisomiques 21, leur réaction
à la surcharge en tryptophane pourrait s'expliquer ainsi : l'arrivée brutale
de formate, via la formyl-cynurénine sa-turerait l'entrée 10 formyl THF, et
provoquerait une accumulation de glyoxylate d'où l'oxalurie des sujets
normaux. Si les trisomiques souffrent en per-manence d'un déficit relatif en
glyoxylate, cet effet serait peu marqué chez eux. En revanche, après blo-cage
de la transamination du glyoxylate en glycine (effet anti-B6 de la
deoxypyridoxine) l'accumulation de glyoxylate, après surcharge en tryptophane,
pro-voquerait une oxalurie plus marquée chez les tri-somiques 21, car les
normaux disposeraient encore de l'autre voie d'élimination, par la
glyoxylate-2-céto-glutarate carboligase, supposée moins efficace chez les
trisomiques 21.
Ces hypothèses appellent d'autant plus une vérification
expérimentale que deux observations cli-niques [26] attirent l'attention sur
cette voie méta-bolique. L'une concerne un garçon ayant présenté une
amélioration nette mais brève au décours d'une intoxication accidentelle au
trichloréthylène. Ce " détachant " est assez voisin chimiquement du méthoxy
fluorane, anesthésique provoquant de gra-ves accidents d'oxalurie [30].
L'autre concerne un malade ayant présenté une croissance exception-nellement
harmonieuse alors qu'il était soumis à un régime inhabituellement riche en
hydroxyproline, précurseur du glyoxylate, via le 4-hydroxy-2-céto
glutarate.
Ces quelques réflexions sur la pathologie particulière des
trisomiques 21 permettent finalement de retrouver l'indication d'un trouble sur
la fabrication des médiateurs cholinergiques, et d'une anomalie de la
régulation très proche de l'entrée 10-formyl THF. Les relations avec un
trouble du collagène et de la fraction C1q du complément, restent
hypothétiques pour l'instant.
Haut
Effet de quelques médicationsHaut
Effets défavorables
L'expérience clinique révèle que les trisomiques 21 ont pour
certaines drogues, des réactions inhabituelles. Leur sensibilité aux
anticholinergiques tels l'atropine est bien connue [11, 26] mais leur
sensibilité aux dérivés de la chlorpromazine mérite aussi d'être notée
[26]. Chlorpromazine et thioridazine par exemple calment fort mal les
trisomiques 21 " difficiles " mais réduisent nettement leur vivacité
intellectuelle. Ces faits correspondraient à une déficience cholinergique
partielle.
Parmi les vitamines, une seule provoque une excitation peu
favorable, la vitamine B1 [26]. On voit sur le schéma que cette
vitaminothérapie devrait, entre autre, accélérer l'activité des
transkétolases (diminuée chez les trisomiques 21) [34] et celle de la
glyoxylate : 2-céto-glutarate carboligase, ce qui produirait un trouble du
shunt des hexoses monophosphates et une diminution du glyoxylate avec un
déficit de l'entrée 10-formyl-THF.
Le rôle de la vitamine B1 reste cependant ambigu puisque certains
signes de carence thiaminique [46] : ptosis de la paupière supérieure,
nystagmus, hypotonie, perlèche, etc., sont également fréquents dans la
trisomie 21.
Haut
Effets favorables
Bien peu de documents fiables existent sur ce point. Une longue
expérience fait croire que la vitamine B6 aurait un effet modeste mais
légèrement bénéfique [26] ; en revanche l'administration de
déoxypyridoxine, antagoniste de la vitamine B6, entraînerait une légère
diminution d'activité physique et mentale [29]. Le phosphate de pyridoxal est
impliqué dans de si nombreuses réactions qu'il est difficile d'en tirer une
indication. Tout au plus peut-on remarquer que cette vitamino-thérapie
pourrait accélérer la synthèse de sérine et de glyoxylate (transaminations)
et le transfert de monocarbonés vers le 5-10 méthylène THF via la
sérine-transhydroxyméthylase et la glycine décarboxylase.
Un effet très discret du diméthylaminoéthanol [26] correspondrait
à un enrichissement léger de cette même entrée 5-10 méthylène THF.
Parmi les autres essais on peut citer l'utilité discutable de la
nicotinamide (qui paraît améliorer la glossite exfoliatrice et les signes
cutanés mais entraîne une légère excitation [26]), et de la biotine.
Un dernier point à signaler est un effet oxygène. Le
glycérate-2-3-diphosphate est diminué dans les érythrocytes des trisomiques
21 [20]. Or l'hypoxie augmente très rapidement la synthèse du
glycérate-2-3-diphosphate qui a pour propriété de se combiner avec
l'hémoglobine pour rendre plus labile, et donc plus utilisable, l'oxygène
d'HbO2. La pratique apparemment aberrante de l'hypoxie contrôlée,
préconisée par certains auteurs, pourrait avoir peut-être cet effet
légèrement bénéfique.
De toute façon, aucune médication actuellement connue ne peut
être considérée comme certainement efficace, même partiellement.
L'extrait thyroïdien, en dépit de multiples références, n'est
pas favorable. D'ailleurs la survenue d'une hyperthyroïdie chez un trisomique
21 n'améliore nullement, bien au contraire, le déficit intellectuel [26].
Haut
Perturbation du métabolisme de l'oxygène dans la trisomie
21
Les analogies déjà relevées :
- hydroxylation insuffisante de la prolixe et de la lysine (troubles
du collagène et de l'élastine) ;
- déficit de l'entrée 10-formyl THF du cycle des monocarbonés
(métabolisme du tryptophane et du glyoxylate) ;
- déficit cholinergique (par méthylation insuffisante de la sérine,
en choline ?) restent fort incertaines et leurs relations éventuelles avec le
trouble du métabolisme de l'oxygène sont inconnues.
Les deux faits d'observation qui peuvent alors guider la discussion
sont l'excès de superoxyde dismutase A qui accélère la réaction :
O2- ? H2O2 et l'augmentation d'activité de la glutathion
peroxydase qui accélère la réaction H2O2 ? H2O
Deux conséquences possibles doivent donc être analysées : l'effet
d'un déficit cytoplasmique en radical superoxyde (par l'action de la
superoxyde dismutase A) et l'effet de l'accumulation d'H2O2.
Haut
Déficit relatif en radical superoxyde
Le rôle métabolique d'O2- n'est pas délimité avec certitude mais
l'intervention du radical superoxyde dans les réactions incorporant un atome
d'oxygène dans une molécule parait très important. Un déficit en O2-
pourrait donc diminuer leur rendement.
D'une façon générale on peut classer ces réactions en trois
catégories :
1) Dioxygénation : incorporation de deux atomes d'oxygène et
ouverture du cycle : tryptophane ? formyl-cynurénine,
3-hydroxy-anthranilate ? 2-amino-carboxymuconate semialdéhyde.
2) Hydroxylation aromatique : phénylalanine ? tyrosine ;
tyrosine ? dihydroxyphénylalanine ; tryptophane ?
5-hydroxytryptophane, par les hydroxylases à biopterine.
3) Hydroxylations non aromatiques : proline ?
4-hydroxyproline ; lysine ? 5-hydroxylysine ; dopamine ?
norépinéphrine, par les hydroxylases à ascorbate et Fe++ pour les deux
premières et à ascorbate et Cu++ pour la troisième.
Une gène des dioxygénations est attendue, bien que l'élimination
urinaire de la cynurénine ne soit guère modifiée chez les trisomiques 21
[18]. Ces réactions méritent cependant une étude spéciale puisque le
2-amino-3-carboxy-muconate semi aldéhyde mène non seulement au
2-céto-adipate, mais aussi à la synthèse de novo du NAD.
Une diminution d'activité des réactions du groupe 2 n'est pas
exclue a priori bien que la clinique ne révèle guère de ressemblances entre
la trisomie 21 d'une part et la phénylcétonurie et les tyrosinoses de
l'autre. La déficience en sérotonine des trisomiques 21, déjà signalée,
paraît ressortir d'un autre mécanisme [16].
Une diminution d'activité des réactions du groupe 3 n'est pas
exclue non plus et parait même plus plausible. Une difficulté d'hydroxylation
de la proline et de la lysine dans les polypeptides primaires provoquerait en
effet une perturbation de la synthèse et de la stabilité du collagène et de
l'élastine, correspondant aux analogies déjà citées. Une difficulté
d'hydroxylation de la dopamine expliquerait l'absence d'un syndrome
adrénergique chez les trisomiques 21 ; syndrome qu'on serait en droit
d'attendre compte tenu de leur hypocholinergie. Sans qu'il soit possible de
rapporter ce fait à un déficit en radical superoxyde il faut noter que
l'activité de la dopamine ß-hydroxylase plasmatique est diminuée chez les
trisomiques 21 [50, 4],
Haut
Excès de production d'H2O2
Comme on l'a remarqué [39] la glutathion peroxydase réduit non
seulement l'H2O2 mais aussi les hydroperoxydes organiques. L'augmentation
d'activité de cet enzyme protégerait les membranes lipidiques et cette
protection expliquerait la corrélation avec le Q-I [39].
Il reste que la dismutation du radical superoxyde n'est que l'une
des sources d'H2O2 dans l'organisme. De nombreuses réactions, essentiellement
les déshydrogénations à FAD, imposent la transformation concomitante O2
? H2O2. Conformément à la charte : Biochemical Pathways de Gherhard
Michal, édition Boehringer 1974, ces réactions ont été notées sur le
schéma simplifié (signe " O croisé "?) :
D-glycérate ? hydroxypyruvate
ethanolamine ? glycolaldéhyde
glycolate ? glyoxylate
diméthyl-glycine ? sarcosine
sarcosine ? glycine
glycine ? glyoxylate
glyoxylate ? oxalate
La régulation de ces réactions en fonction de l'élimination
d'H2O2 par la glutathion peroxydase est incertaine.
Deux cas doivent être envisagés :
- ou bien l'excès de glutathion peroxydase accélère ces
réactions ;
- ou bien l'augmentation de la gluthation peroxydase est simplement
une adaptation à l'excès d'H2O2 résultant de l'activité de la superoxyde
dismutase A.
Cette seconde hypothèse paraît seule acceptable car le gène de la
gluthation peroxydase n'étant pas sur le 21 mais sur le chromosome 3 aucun
effet direct de dosage génique n'est attendu. D'autre part, une augmentation
des réactions à FAD tendrait à rapprocher les trisomiques 21 des
hyperthyroidiens alors qu'ils ressemblent aux hypothyroïdiens.
II se pourrait même que l'adaptation ne soit pas parfaite (la
corrélation avec le Q.I. en serait le signe) et que la gluthation peroxydase,
malgré son augmentation, ne puisse éliminer à temps tout l'H2O2 produit.
Les réactions marqués du signe " O croisé "? pourraient
être alors légèrement freinées. D'après le schéma on attendrait en ce cas
:
- un déficit relatif vers l'entrée 5-10 méthylène THF par
récupération imparfaite des monocarbonés provenant de la dégradation de la
choline via la diméthyglycine et la sarcosine. On attendrait aussi un déficit
léger en sérine puisque l'une de ses voies de synthèse serait ralentie (voie
de l'hydroxypyruvate) et qu'elle deviendrait de surcroît le principal
fournisseur de l'entrée 5-10 méthylène THF. Corrélativement, un excès
d'ethanolamine serait attendu par difficulté de transformation en
glycolaldehyde. Or, un léger excès d'ethanolamine et un léger déficit de
sérine ont été observés chez les trisomiques 21 [36] ;
- un déficit relatif vers l'entrée 10-formyl TUF par diminution du
glyoxylate (voies de la glycine et du glycolate d'une part, et voie, plus
distante, de I'hydroxyproline d'autre part).
Toutes ces déviations du métabolisme restent très hypothétiques,
mais on ne peut s'empêcher de constater qu'une diminution des dioxygénations
et des hydroxylations non aromatiques d'une part et un ralentissement de
certaines réactions à FAD de l'autre, pourraient produire des effets ftout à fait en accord avec les indications tirées de la pathogénie et de la
pathologie comparées.
Haut
Conclusions provisoires
Au terme de cette revue, trop diffuse peut-être bien que fort
incomplète, il apparaît que des hypothèses présentées ne prétendent
nullement fournir une réponse univoque à la question posée au début de cet
article. Leur but est strictement heuristique, c'est-à -dire de diriger les
recherches vers les expériences capables de fournir les éléments d'une
réponse circonstanciée.
Haut
Références
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