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I - Rappel des principes de la genetique humaine
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1 - Généralités
Tout être humain reçoit de sa mère la moitié de son patrimoine
génétique et l'autre moitié de son père.
Les caractères héréditaires ou gènes sont inscrits sous forme
d'un message codé dans des molécules très complexes. Les plus importantes
sont l'A. D. N. (acide désoxyribonucléique) et les protéines chromosomiques
(protéines acides et histones).
Ces molécules forment des filaments spirales, visibles avec un
microscope ordinaire, les chromosomes.
La cellule féminine, l'ovule contient 23 chromosomes et la cellule
masculine, le spermatozoïde, en porte aussi 23. Lors de la fécondation, la
mise en commun de ces deux lots reconstitue le nombre de 46 chromosomes,
caractéristique de l'espèce humaine.
Bien que la reproduction des gènes et des chromosomes soit d'une
extrême fiabilité, deux types d'accidents sont connus, les mutations
géniques et les aberrations chromosomiques.
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2 - Maladies géniques
Au cours de la reproduction d'un gène, une erreur de copie, un peu
comparable à une coquille d'imprimerie, peut modifier un mot du message. Ces
mutations, reproduites comme telles et d'emblée transmissibles, sont à l'origine des maladies ténétiques, telles que l'hémophilie (1) ou
l'albinisme (2) etc...
Chacune de ces maladies héréditaires est fort rare, mais on en
connaît de très nombreuses variétés. Ainsi à la naissance, près d'un
enfant sur cent se trouve atteint de l'une d'entre elles.
Maladies dominantes - Dans ces maladies tout sujet porteur
d'un gène défavorable est atteint de la maladie correspondante. Même si son
conjoint est indemne, un de ses enfants sur deux en moyenne sera atteint. D'où
grave responsabilité.
Maladies récessives - De très nombreuses mutations n'ont
d'effet défavorables que si le sujet dit " homozygote " a reçu le même
gène, et de son père et de sa mère. Les deux procréateurs sont en ce cas
porteurs du gène mais sont bien portants (hétérozygotes).
L'union entre deux sujets porteurs du même gène défavorable est
donc à déconseiller.
Dans certains cas ce gène inapparent peut être décelé par des
examens chimiques ou par une analyse directe de l'A.D.N.
Consanguinité - Même lorsqu'aucun gène défavorable n'est
connu dans l'ascendance il est statistiquement probable que chaque être humain
soit porteur d'au moins un gène défavorable.
Il est aisé de montrer que la probabilité de rencontrer le même
gène chez les deux conjoints est d'autant plus grande qu'ils sont unis par des
liens de parenté plus proche.
De ce fait les unions consanguines sont plus dangereuses que les
autres et de nombreuses statistiques le prouvent. D'après la théorie
mathématique et les observations disponibles on voit que non seulement
l'inceste mais aussi les mariages entre cousins germains (4° degré) doivent
être rejetés. Au delà du 8° degré de parenté on peut considérer que les
sujets sont génétiquement étrangers l'un à l'autre.
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3 - Maladies chromosomiques.
Il peut arriver que tout ou partie d'un chromosome se trouve en
excès (trisomie 21 ou mongolisme par exemple) ou soit en défaut (un seul X au
lieu de deux dans la stérilité féminine appelée Syndrome de Turner).
Dans ces cas le message génétique n'est pas altéré dans sa
teneur, ce serait plutôt l'un des tomes de l'encyclopédie de la vie qui
serait en trop ou en moins.
La majorité des aberrations chromosomiques ont des conséquences si
graves qu'elles interdisent le développement de l'enfant. Parmi les fausses
couches spontanées avant le 3° mois de la grossesse 50 à 60 pour cent d'entre
elles sont dues à une aberration des chromosomes.
D'autres aberrations permettent le développement mais affectent le
sujet d'une constitution plus ou moins défectueuse.
A la naissance, un enfant sur cent est atteint d'une maladie
chromosomique.
Enfin certains sujets bien portants peuvent être affectés d'un
remaniement chromosomique qui peut augmenter grandement le risque de maladie
chromosomique dans leur descendance (translocation par exemple).
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4 - Etat physiologique des procréateurs.
Si la mère est très jeune (moins de 20 ans) ou âgée (plus de 40
ans) le risque d'anomalie des enfants est notablement accru surtout pour les
maladies chromosomiques. L'âge du père n'a guère d'effet semble-t-il. De
même une perturbation du rythme hormonal de l'ovaire pourrait avoir un effet
nocif. D'où une méfiance des généticiens envers la contraception
chimique.
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5 - Implications morales du Conseil
génétique.
Le bien fondé des recommandations classiques, tant de bon sens
(âge des conjoints ) que de règle canonique (unions consanguines) est
pleinement confirmé par les connaissances actuelles, ce qui mériterait
d'être mieux connu.
La détection de risques particuliers avant le mariage peut amener à un conseil génétique préventif : soit renoncer à la procréation (maladie
dominante) soit éviter certaines unions défavorables (détection des
porteurs).
Après le mariage, le conseil génétique peut rendre encore de
grands services. La connaissance d'un risque élevé peut amener les parents à restreindre leur descendance : ceci impose la discussion des moyens licites de
régulation des naissances.
Parfois la connaissance de la maladie permet une guérison si le
traitement est très précoce (idiotie phényl pyruvique, galactosémie,
maladie de Wilson etc...). Ces cas favorables sont encore trop rares
hélas.
D'une façon générale ces applications préventives de la
connaissance génétique ne comportent pas d'implication morale particulière,
tant que le conseil n'est pas assorti de moyens coercitifs et respecte la
liberté et la responsabilité des futurs parents.
Cependant, en cas de risque très élevé, l'indication médicale
d'abstention totale de reproduction soulève la question des moyens à employer.
La stérilisation du sujet " transmetteur ", souvent évoquée mériterait une
discussion spéciale.
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II - Intervention sur les cellules reproductrices.
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1- Prélèvement et conservation des gamètes
mâles.
En raison du mode de reproduction normale par émission du sperme
hors de l'organisme masculin le prélèvement des spermatozoïdes ne soulève
aucune difficulté technique. Par ailleurs, la résistance des spermatozoïdes
à la congélation permet de les conserver au froid intense (moins 180°
centigrades), en utilisant un milieu spécial. Après de nombreuses années il
est possible de réchauffer progressivement l'échantillon et les
spermatozoïdes retrouvent alors leur activité.
De véritables " banques " de sperme humain congelé sont ainsi
constituées dans de très nombreux pays (cette technique avait été mise au
point auparavant pour l'usage vétérinaire).
Autant qu'on en puisse juger la qualité de la descendance n'est pas
influencée par la conservation du sperme et aucun effet biologiquement nocif
n'est actuellement connu, mise à part une certaine baisse de fertilité après
un temps très long.
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2- Prélèvement et conservation des gamètes
féminins.
Le gamète féminin mûr n'étant produit par l'ovaire qu'au 14°
-16° jour du cycle, le prélèvement impose une intervention chirurgicale
(laparoscopie) à la date propice et une aspiration très délicate de l'ovule
au moment de la rupture du follicule, ou encore sa récupération, lorsqu'il se
trouve déjà dans la trompe (lavage du contenu de la trompe, tube reliant
l'ovaire à la cavité utérine).
L'ovule mûr ayant une durée de vie très courte s'il n'est pas
fécondé (24 heures peut-être), aucune méthode de conservation n'est connue.
Il n'existe pas de " banques d'ovules " actuellement bien que ceci ne paraisse
pas strictement impossible.
Toutefois, des injections d'hormones (utilisées en médecine pour
lutter contre la stérilité féminine) peuvent induire la maturation
simultanée de plusieurs ovules (5 à 10, au lieu d'un par cycle normalement).
De ce fait le prélèvement peut porter sur plusieurs ovules à la fois.
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3- Implications morales
L'étude de la structure et de la physiologie des cellules
reproductrices relèvent de la recherche classique. Toutefois les méthodes de
prélèvements peuvent être l'objet de réserves morales.
C'est surtout leur usage à des fins de reproduction qui mérite
d'être discuté.
La légitimité des " banques de spermes " doit être aussi
analysée, puisqu'il s'agit d'une séparation définitive et délibérée entre
la relation conjugale d'une part et la possibilité de procréation de
l'autre.
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4- Développements possibles
a) triage des gamètes
Aucune méthode n'est actuellement disponible pour sélectionner
in vitro certains types de gamètes.
L'homme portant un chromosome X et un chromosome Y, chaque
spermatozoïde porte soit un X (et donnera une fille), soit un Y (et donnera un
garçon). S'il était possible de n'utiliser que les spermatozoïdes porteurs
du chromosome Y, la fécondation ne produirait que des garçons. Inversement,
l'utilisation de spermatozoïdes porteurs du chromosome X ne produirait que des
filles. Le choix du sexe serait alors assuré. Il n'est pas certain qu'il soit
sage d'offrir ce choix aux futurs parents (il en résulterait un très fort
excès de garçons).
Toutefois, lorsqu'une femme est porteuse d'une maladie récessive
liée au sexe comme l'hémophilie, elle transmet l'anomalie à la moitié de ses
enfants ; mais les garçons atteints sont gravement malades, alors que les
filles porteuses ne sont pas affectées (bien qu'elles risquent à leur tour de
transmettre le gène anormal). Si ces femmes porteuses n'avaient que des
filles, la maladie ne se manifesterait plus.
Cette possibilité théorique actuellement, mérite d'être
considérée.
b) triage des mauvais gènes
Toujours de façon hypothétique, on peut imaginer d'éliminer
sélectivement les gamètes porteurs d'un gène anormal (dans le cas de maladie
récessive ou dominante, cf. I, 2). Ici aussi, cette sélection des gamètes
protégerait efficacement la descendance.
L'intérêt de ces deux développements serait de faire porter la
sélection, non pas sur l'embryon ou le foetus, mais sur les cellules
reproductrices.
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III - Insémination artificielle
Très largement utilisée chez les animaux l'insémination
artificielle jouit d'une vogue grandissante dans les pays anglo-saxons
surtout.
Le sperme frais ou décongelé est introduit à l'aide d'une seringue
dans la cavité utérine au moment de la ponte normale de l'ovule. Cette
manipulation ne requiert qu'un minimum de précautions.
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1) Utilisation du sperme du mari
Proposée dans des cas particuliers très rares (stérilité
excrétoire, impotentio coeundi, oligospermie pure). Cette méthode a. été
utilisée pour remédier à la séparation physique des époux. Par exemple,
pendant la guerre de Corée des militaires américains ont ainsi engendré par
correspondance et plusieurs milliers d'enfants " légitimes " seraient nés de
cette façon.
La stérilisation masculine par ligature des canaux déférents est
fort répandue aux U.S.A. et en Angleterre et s'étend chaque jour.
Parfois une maladie grave (cancer du testicule) rend la castration
définitive indispensable.
Il est devenu courant de congeler du sperme avant stérilisation (cf
II, 1), en vue d'une insémination artificielle si l'opéré décide
ultérieurement de procréer. Ici aussi les enfants seraient biologiquement
légitimes, sauf erreur de flaconnage.
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2) Utilisation du sperme d'un donneur
Lorsque le mari est stérile, l'insémination avec le sperme d'un
autre homme " donneur " permet à la femme de mettre au monde son propre enfant.
Ce dernier étant le fils biologique du donneur et non du mari, même si ce
dernier est consentant.
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3) Implications morales
A côté des méthodes de prélèvement (cf II, 1 et II, 2), ces
méthodes soulèvent les critères de choix du père biologique. Si ce dernier
est le mari, les enfants sont bien légitimes puisqu'issus de l'union des
cellules reproductrices des époux.
En cas de " donneur " l'enfant est adultérin.
Le choix du donneur est techniquement difficile. Certains
n'utilisent chaque donneur qu'une seule fois. D'autres au contraire utilisent
le même donneur, qu'ils jugent bon, pour de nombreuses fécondations d'où
risque de mariages incestueux imprévisibles. D'autres, pour éviter toute
recherche ultérieure de paternité mélangent le sperme de plusieurs
donneurs.
De toutes façons, dans la pratique aux U.S.A. le prélèvement du
sperme donne lieu a rétribution monétaire. Le terme approprié n'est alors
pas donneur mais vendeur.
Dans tous les cas l'implication la plus évidente est la
dissociation absolue entre la transmission de la vie et la responsabilité
paternelle.
Pour la femme, les réactions psychologiques peuvent être
redoutables (recherche du vrai père, détachement du mari ou culpabilité).
Ici la dissociation absolue entre le procréateur et le lien du mariage est le
point capital.
Certaines femmes non mariés demandent ainsi à avoir un " enfant
sans père ". Inversement en cas de stérilité de la femme on propose une
mère de remplacement qui serait inséminée avec le sperme du mari et rendrait
neuf mois plus tard son enfant au couple adoptif. Des cas de ce genre sont
publiés dans la grande presse.
Il est à remarquer que l'insémination par sperme d'un " donneur "
est peut-être grevée d'un risque un peu plus important que la fécondation
naturelle FORSE et FRASER Am.J. Hum. Genet. (1984) 34,89A. Ces statistiques
sont trop récentes pour qu'on puisse en tirer un argument solide.
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IV - La fécondation extra corporelleHaut
1) Technique
Normalement, lorsque l'ovule mûr est pondu dans la trompe il y
rencontre les spermatozoïdes et un seul d'entre eux le fertilise. Le clivage
des cellules de l'embryon commence aussitôt et durant 5 à 7 jours l'embryon
est totalement libre dans le liquide tubaire. C'est seulement à son arrivée
dans l'utérus qu' il se fixe sur la muqueuse (implantation) et reçoit alors
directement .les fluides qui exsudent au travers des villosités placentaires
.
Le tube de chair (de la trompe) peut donc être remplacé par un
tube de verre (si ce dernier contient un liquide approprié). Il suffit de
prélever un ovule mûr, d'ajouter des spermatozoïdes et de conserver dans un
tube à 37°.
Si l'embryon se divise normalement, on le prélève délicatement au
3° jour ou au 4° dans un fin tube de plastique souple que l'on fait passer
dans l'orifice du col utérin de la mère, on dépose ainsi l'embryon dans la
cavité utérine avec quelques gouttes de liquide.
Plus d'une centaine d'enfants sont nés à la suite de cette
pratique.
Il est à noter que le pourcentage de réussites, très limité au
début, atteint semble-t-il 20% de succès dans les meilleurs laboratoires.
(à titre de comparaison on estime que la fécondation naturelle
atteint au moins 50 à 70% de succès).
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2) Applications déjà réalisées
Présentée au début comme un moyen de contourner l'obstacle de
trompes non perméables, cette fécondation extra-corporelle peut être
employée dans des circonstances très variées. Lorsque les spermatozoïdes
proviennent du mari et que l'ovule provient de sa femme, l'enfant, en dépit de
son excursion hors de l'organisme maternel, est " légitime ", puisqu'il est
biologiquement l'enfant de ce couple.
A priori, il est possible de transférer un embryon dans l'utérus
d'une femme différente de celle qui a donné l'ovule mûr. On peut même, par
lavage de l'utérus au 5° jour après une fécondation " naturelle "
récupérer l'embryon pour le transférer dans une autre récipiente.
Des enfants sont déjà nés de cette façon, c'est à dire portés et
mis au monde par une femme qui n'est pas leur mère (trois observations
publiées à ce jour).
De nombreuses indications sont discutées : une femme ayant des
ovaires inactifs recevrait ainsi l'enfant d'une autre (éventuellement
fécondée par le mari de la récipiente).
- Une femme atteinte d'une maladie incompatible avec le déroulement
de la grossesse pourrait ainsi confier son enfant " légitime " à une nourrice
utérine (qui le lui rendrait 9 mois plus tard).
- Une femme désireuse de poursuivre une carrière professionnelle
pourrait aussi avoir recours aux bons offices d'une voisine moins
évoluée.
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3) Implications morales
La plus importante, mais jamais évoquée dans la presse, est que
cette expérimentation démontre au delà de tout doute possible que l'être
humain débute à la fécondation. Même la personne de la vraie mère n'est pas
biologiquement indispensable au développement de l'enfant.
La légitimité de cette dissociation entre la procréation
(fourniture des gamètes) et la gestation (protection et nourriture in utero)
reste extrêmement discutable même dans le cas d'une pratique à l'intérieur
du mariage. (Voir sur ce point la discussion du document des évèques anglais)
.
Lorsqu'il s'agit d'une maternité de substitution, la signification
morale de l'acte, même si des motifs estimables existent, doit être
complètement analysée.
Cette technique de la fécondation extra corporelle est certainement
le point, non encore abordé par le magistère, nécessitant la réflexion et
l'enseignement le plus précis, (voir éléments de discussion).
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V - Manipulation des gènes Haut
1- Les mutations dirigées.
A la différence des changements héréditaires produits par les
rayonnements atomiques ou des produits toxiques, et qui correspondent à des
lésions presque toujours défavorables, la manipulation génétique permet
d'obtenir des mutations prévisibles et prédéterminées.
La technique est relativement simple. A l'aide d'enzymes spéciaux
on découpe, dans la molécule d'ADN qui porte l'information génétique, un
segment correspondant à un gène dont on connaît la fonction dans l'organisme.
Après avoir isolé ce fragment on l'insère, par un procédé analogue, dans
la fibre d'ADN d'un autre organisme. Cette opération est assez comparable à celle d'un monteur de cinéma, prélevant une séquence dans un film pour
l'inclure dans un autre.
On peut ainsi prélever un gène contrôlant la fabrication d'une
substance utile (hormone ou médicament) et l'implanter dans une bactérie qui,
normalement, ne le contient pas. La cellule modifiée fabrique alors le produit
commandé par le gène transféré .Ce procédé d'ingénérie génétique est
dès maintenant utilisé industriellement pour la fabrication d'hormones telle
que l'insuline. Si le gène est transféré dans un ovule fécondé, l'être
que en résultera portera le gène nouveau dans toutes ses cellules. C'est le
cas des " souris géantes " obtenues par transfert du gène de l'hormone de
croissance.
Lorsqu'il s'agit d'un adulte, atteint d'une maladie génétique,
l'idée de remplacer, dans chaque cellule, le gène anormal par un gène normal
paraît séduisante mais, pour l'instant, totalement hors de portée.
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2- Implications morales.
Tant que les manipulations géniques portent sur des animaux
d'expérience le jugement moral est simple : il suffit que les conséquences
soient bénéfiques pour l'éleveur, l'agriculteur ou l'industriel et que
toutes précautions soient prises pour éviter les accidents (contamination par
des virus nouveaux par exemple).
En revanche quand il s'agit des applications possibles à l'être
humain, comme il ne peut s'agir pour l'instant que de manipulation de l'embryon
elle doivent être considérées avec la plus extrême prudence.
Il est nécessaire de signaler que les manipulations géniques qui
rendront d'immenses services pour améliorer l'alimentation de l'humanité,
peuvent hélas servir aussi à fabriquer des toxines effroyables ou des agents
infectieux d'une virulence redoutable . Cet usage détestable porte en soi sa
condamnation sans appel.
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VI - Manipulations de l'embryon
La viabilité de l'être humain extrêmement jeune est
prodigieuse.
1) L'arrêt du temps - Une congélation soigneuse à la
température de l'azote liquide (-190c) est possible, analogue à celle
employée pour les banques de sperme. Déjà réalisée avec succès chez la
souris, cette technique a été appliquée à de nombreux embryons humains
actuellement conservés en état de vie suspendue. Un article de la grande
presse fait état d'un embryon décongelé, transféré dans l'utérus de sa
mère ayant évolué normalement jusqu'à la naissance. Ceci paraît plausible.
Les " indications " suggérées seraient :
- d'attendre un meilleur état physiologique de la mère
- de conserver des " enfants en réserve " en cas de maladie
risquant de provoquer une stérilité
- ou encore planifier absolument la fécondité.
2) La gémellité artificielle - Protégé dans une sorte de
coquille souple, la zona pellucida, l'embryon précoce, flottant librement dans
le liquide tubaire en route vers l'utérus est très bien protégé. Il est
possible cependant, par micromanipulation, d'ouvrir la zona pellucida, de
couper l'embryon en deux, et de replacer chaque moitié dans une zona pellucida
ad hoc. Les deux demi embryons sont alors capables de réparer leurs pertes et
de donner des jumeaux identiques. Cela a déjà été réussi chez la vache.
On a proposé, mais à ma connaissance l'expérience n'est pas faite,
d'utiliser cette technique chez l'être humain.
L'un des embryons serait immédiatement congelé au froid intense.
L'autre mis en culture pour examen ultérieur de ses chromosomes ou pour
recherche d'anomalies géniques. Si l'embryon expérimental (et sacrifié)
était reconnu normal, le jumeau épargné serait alors implanté, sa qualité
génétique ayant été reconnue acceptable. Au contraire si le jumeau
sacrifié se révélait défectueux, le jumeau épargné serait sacrifié à son
tour.
Pour l'instant on ne propose pas de fabriquer à la chaîne un très
grand nombre de jumeaux identiques.
3) Chimères provoquées - II serait à priori possible de
prendre deux embryons, de les sortir de leur zona pellucida et de les inclure
tous deux dans le même sac protecteur. D'après les expériences faites chez
la souris, il semble probable que les deux embryons très jeunes coopéreraient
pour construire un seul individu. Nul ne sait si un enfant issu de deux
embryons, l'un de race blanche, l'autre de race noire, aurait l'aspect d'un
métis ou au contraire révélerait une mosaïque de pigmentation (une sorte de
damier comme on l'observe chez les souris composés artificiellement de cette
façon).
Sans recourir à ces chimères, on pourrait dans un avenir peut-être
assez proche, injecter dans un embryon très jeune des segments d'ADN pour
modifier son patrimoine génétique.
4) Hybrides contre-nature - Fabriquer, par fécondation extra
corporelle, des hybrides homme/chimpanzé, homme/gorille ou homme/ orang-outan,
est une possibilité hélas très réelle. Nul ne sait si le produit serait
viable après transfert dans une femelle réceptrice (à l'instar du mulet issu
d'une jument couverte par un étalon).
En cas de viabilité nul ne sait quels caractères se
manifesteraient chez l'hybride.
Une manipulation assez comparable est couramment utilisée par
certains : fécondation in vitro, avec des spermatozoïdes humains, d'un ovule
mûr de hamster. Ici la très grande distance entre les deux espèces fait
qu'aucun clivage embryonnaire ne se produit. Mais les chromosomes du
spermatozoïde apparaissent dans l'ovule, ce qui permet de les examiner. Aucun
être nouveau n'étant constitué, cette pratique n'a jusqu'ici guère été
discutée par les moralistes.
5) Hybrides somatiques - II est important de réparer
totalement ces manipulations d'une expérience tirés courante faite sur des
cellules somatiques. On peut par exemple faire fusionner des cellules humaines,
avec des cellules de souris, lorsque les lignées cellulaires sont cultivées
in vitro.
Il s'agit ici de cellules ordinaires du corps, et non de cellules
reproductrices.
Ces cellules hybrides sont instables et on assiste à l'expulsion
sélective, des chromosomes de l'une des espèces. Ce phénomène permet, par
des artifices de culture, d'établir une corrélation entre les chromosomes
perdus et la disparition de certaines propriétés biochimiques. Ainsi peut on
commencer à dresser progressivement une carte des gènes humains en détectant
le chromosome qui porte chacun d'entre eux.
Il semble que la réalisation d'une culture hybride somatique soit
une expérience neutre, du point de vue moral, puisqu'aucun être nouveau,
capable de se développer par lui même, n'est appelé à l'existence.
Par contre la fécondation in vitro pour obtenir des sujets hybrides
homme/chimpanzé par exemple constituerait une grave atteinte à la
respectabilité de la nature humaine.
6) Reproduction végétative ou " clonage " - Chez les
amphibiens, il est possible d'enlever le noyau légitime d'un oeuf fécondé et
de le remplacer par un noyau prélevé sur une cellule somatique. On obtient
ainsi un têtard qui est en quelque sorte un " jumeau identique " de l'individu
donneur du noyau somatique.
Cette expérience tentée chez la souris n'a pas aboutit à des
individus viables. Il faut remarquer que les amphibiens ont un pouvoir de
régénération (la queue d'un lézard repousse après amputation) qui n'existe
pas chez les vertébrés supérieurs.
Pour l'instant, l'hypothèse d'un " clonage " permettant de
fabriquer de nombreux " pseudo jumeaux identiques " à partir d'un donneur
sélectionné ressort exclusivement de la presse à sensation.
7) Parthénogenèse artificielle - Chez les mammifères
supérieurs la parthénogenèse complète donnant naissance à un produit viable
paraît absolument exceptionnelle. Aucun cas expérimental n'est actuellement
démontré sans ambiguïté.
L'observation la plus proche, faite chez la souris est réalisée
par la greffe de noyaux d'un animal dans les oeufs de ce même animal.
Toutefois les produits ainsi obtenus n'ont pas dépassé les premiers stades
embryonnaires et il est peu certain que la greffe ait véritablement pris.
Par ailleurs une parthénogenèse de ce type ne pourrait reproduire
que des femelles, à peu près conformes à la femelle d'origine, aux mutations
défavorables près. Elle serait inapplicable à la propagation végétative des
mâles, à moins d'un chan-gement radical des techniques.
8) Implications morales - Les manipulations de l'embryon
précoce appellent les plus grandes réserves. Aucune des actions proposées
n'est dans l'intérêt direct de l'être nouveau sur lequel on expérimente.
Les divers bricolages proposés, jumeaux artificiels, chimères, hybrides
contre nature, clones et pathénogénotes prennent l'homme pour animal
d'expérience et sont donc clairement à rejeter.
En revanche il serait, je crois, dommage de rejeter les hybrides
somatiques (VI, 5) qui représentent une méthode fort utile et, en principe,
neutre ; aucun être nouveau n'est en effet appelé à l'existence. De même il
semble que les hybrides entre espèces très éloignées, pour observer les
chromosomes des spermatozoïdes soient presque acceptables bien que ce point
mérite considération.
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VIl - Exploitation du foetus
Ces pratiques ne sont pas analysées ici, car elles sont en désaccord
absolu avec le respect de l'enfant conçu.
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1) Pratiques expérimentales.
On peut citer, parmi les pratiques de type :
- les expériences de tératologie : la mère est soumise avant
avortement délibéré à l'action de drogues dont on veut savoir si elles
provoqueront des malformations.
- les expériences de physiologie et de neurologie expérimentales
sur des foetus retirés vivants de l'utérus et maintenus en survie par
circulation extra-corporelle.
- les manipulations tendant à prélever divers organes de foetus
avortés vifs, dans un but expérimental ou pour tentatives de greffes sur des
malades avortés vifs, dans un but expérimental ou pour tentatives de greffes
sur des malades.
Toutes ces expériences, actuellement poursuivies et publiées dans
des journaux scientifiques, eussent conduit leurs auteurs devant le Tribunal de
Nuremberg il n'y a pas quarante ans. On voit la régression effrayante
entraînée par la légalisation de l'avortement.
On notera aussi que l'euthanasie des nouveau nés malformés tend à se généraliser dans certains hôpitaux puisque, dit-on, ils auraient été
éliminés par avortement si on avait pu déceler leur anomalie in utero.
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VIII - Les manipulations de l'enfant et de l'adulte
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1 - Les anomalies sexuelles.
Des aberrations chromosomiques, (par excès ou par défaut
provoquent des stérilités (syndrome de Turner X, syndrome de Klinefelter
XXY), parfois des ambiguïtés (syndrome XXXXY) et même des hermaphrodismes
vrais (sujets porteurs de testicules et d'ovaires dans les cas de chimères XX
/ XY).
La constitution XYY (mâles possédant deux Y au lieu d'un
s'accompagne d'une tendance à la délinquance, d'où une responsabilité
diminuée, semble -t-il.
Certaines affections géniques peuvent inverser complètement le
développement, tels le testicule féminisant transformant un sujet XY en une
femme harmonieusement développée mais stérile, ou les très rares cas de
mâles porteurs de chromosomes féminins XX.
Enfin divers troubles hormonaux de la mère ou de l'enfant (maladies
ou traitements intempestifs au cours de la grossesse) peuvent viriliser une
fille ou féminiser un garçon.
Les perversions du comportement homosexualité et transvestisme
(désir de changer de sexe) ne s'accompagnent en général d'aucune anomalie
décelable, génétique, anatomique ou biochimique. Il n'est pas exclu
toutefois qu'une proportion vraisemblablement assez faible, de ces sujets
souffrent d'une maladie très réelle encore qu'incomprise actuellement.
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2 - Traitements médicaux ou chimiques
Devant une grave ambiguïté sexuelle décelée à la naissance, les
critères de jugement sont extrêmement complexes et requièrent des
spécialistes hautement compétents.
Souvent, même si la constitution réelle est de type masculin, le
traitement chirurgical et hormonal visera à la réalisation d'un habitus
féminin. En effet ce dernier peut être obtenu de façon relativement efficace
et harmonieuse, alors que la réfection complète d'organes génitaux masculins
reste impossible.
Chez l'enfant très jeune des décisions sages peuvent aboutir à des
résultats relativement bons alors que chez des patients pubères ou adultes,
de très grandes difficultés psychologiques sont à redouter.
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3 - Les manipulations du sexe
L'efficacité des traitements hormonaux et l'adresse des chirurgiens
plastiques amènent à d'étranges abus, pratiquement inconnus, il y a vingt
ans, mais dont la fréquence s'accroît dangereusement.
L'émasculation avec féminisation est demandée par certains
homosexuels atteints de transvestisme. Certains chirurgiens se prêtent à ces
interventions (ablation des organes virils et invagination du scrotum dans le
périnée) jointes à une féminisation hormonale avec éventuellement injection
de substances plastiques dans la glande mammaire, épilation électrique
etc...
Entreprises chez de très jeunes adultes (avant 20 ans) ces
manipulations conduisent à un habitus pseudo-féminin.
Plus rarement le transvestisme conduit certaines femmes à demander
l'ablation chirurgicale de la glande mammaire avec castration, fermeture du
périnée et greffe d'un faux pénis par un lambeau cutané inséré dans la
région pubienne.
Dans les deux cas la transformation est dysharmonieuse et
incomplète et les perturbations affectives et sociales sont redoutables. Bien
que les troubles psychologiques aient précédé l'intervention, la mutilation
rend presque impossible la réinsertion sociale des patients. L'évolution vers
une prostitution sous diverses formes est hélas très fréquente.
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4 - Implications morales
La très grande efficacité des traitements hormonaux et
chirurgicaux confère à la médecine un pouvoir redoutable et les décisions
thérapeutiques soulèvent presque toujours de graves questions morales.
Surtout, la contagion sociale de l'homosexualité et du
transvestisme est incontestablement renforcée par l'apparence de prouesses
techniques des manipulations du sexe. Alors qu'aucun cas de changement complet
n'est possible (d'un mâle capable de procréer en une femme capable de porter
un enfant ou réciproquement) le public est amené à croire que le choix de
l'habitus sexuel peut être laissé au gré de chacun et que la nature peut
être impunément bafouée.
Curieusement, et dans tous les pays, on dénombre parmi les
propagandistes les plus actifs de l'avortement libre et gratuit des
associations d'homosexuels, féminins et masculins.
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IX - Les interventions sur le substratum de
l'espritHaut
1) Les médications psychotropes
Les progrès de la pharmacologie permettent de s'attaquer aux
syndromes de nombreuses maladies mentales.
Il fait peu de doutes que dans les années à venir de très grands
progrès seront faits dans ce domaine. Très probablement un nombre important
de maladies actuellement incurables, dont certains cas de débilité mentale,
pourront être traitées et guéries
On ne peut que hâter la recherche dans ces domaines.
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2) Les hallucinogènes et les
dépersonnalisants.
Inversement, ces progrès thérapeutiques entraîneront
vraisemblablement la possibilité de provoquer à volonté des dérèglements de
l'esprit. L'exemple bien connu des hallucinogènes comme le LSD ou des drogues
dures (comme l'héroïne) n'est hélas que trop clair ; de même que l'usage de
certaines " méthodes psychiatriques " dans certains pays totalitaires. Il
semble probable que ce danger de manipulations du substratum de l'esprit
s'accroîtront dans les années à venir. Il serait imprudent de ne pas
considérer un si formidable risque.
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X- Discussion preliminaireHaut
1 - Le respect de l'être humain
Ce respect qui est le fondement de la morale naturelle est battu en
brèche sitôt qu'une modification du destin d'un être humain est décidée
non dans l'intérêt du sujet mais dans l'intérêt d'une tierce personne ou de
la société.
Toutes les méthodes d'investigation scientifique pure sont, autant
qu'on en puisse juger, indifférantes , sauf lorsqu'elles mettent en jeu des
moyens illicites pour obtenir ces connaissances ou utilisent le pouvoir ainsi
obtenu à des fins dangereuses pour un être humain.
Pratiquement si l'adage central de la médecine " primun non nocere
" est respecté, aucun progrès technique n'est redoutable en soi. Mais sitôt
que ce précepte est déclaré ne s'appliquer qu'à certaines catégories
d'êtres humains, selon l'âge, la taille, le poids, la santé ou la
constitution, tout accroissement de savoir présente un danger certain.
Le " primun non nocere " doit s'appliquer aussi aux générations à venir. D'où la plus grande prudence dans l'emploi de techniques pouvant
modifier le patrimoine humain dont nous sommes dépositaites (radiations
atomiques, substances mutagènes, manipulations génétiques etc. . . )
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2 - Le respect du Créateur.
Lorsque le technicien s'attribue le droit de vie et de mort sur
certains de ses semblables, il s'arroge une parcelle du pouvoir de la
Divinité.
En stricte logique, toute action délibérée vers un but
considéré comme souhaitable, devient alors licite et morale en un certain
sens. Il est scientifiquement indémontrable que la protection du faible, le
dévouement au malade et l'aide au déshérité soient des actes rentables. Des
arguments pratiques très forts amènent aussitôt à l'avortement sélectif,
l'euthanasie et l'expérimentation sans " tabous ".
L'usage immodéré de la science est inévitable sitôt que la
distinction entre le bien et le mal n'est pas fondée sur l'amour du Créateur
et le respect de sa créature.
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